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Une Eglise cash dans un monde liquide

Du 1er au 3 mars, la partie francophone du diocèse de Sion s’est retrouvée au Foyer Franciscain de St-Maurice pour sa session pastorale annuelle, formation continue mais surtout occasion de se rencontrer entre agents pastoraux autour de notre évêque.

C’est Arnaud Join-Lambert qui assurait les apports théoriques, cette année. Ce père de famille, professeur de théologie à Louvain (Belgique), fait partie des grands penseurs européens de l’Eglise de notre temps. Il nous a invités à réfléchir comment vivre et annoncer l’Evangile dans une société devenue «liquide», un concept que les sociologues utilisent volontiers aujourd’hui pour parler d’un monde dans lequel le relationnel a pris le pas sur l’institutionnel, le réseau sur la stabilité géographique, le manque de repères au lieu de valeurs reçues et transmises.

L’occasion d’abord de se situer. Sommes-nous passéistes, en nostalgie d’une Eglise à dentelles, adeptes du «c’était mieux avant»? Ou sommes-nous les acteurs d’une Eglise qui doit sans doute commencer par aller vers les gens, là où ils sont, avant de les attendre là où elle les veut?

Seulement voilà, lorsqu’il s’agit de rêver l’Eglise de demain, dans les petits groupes de travail formés après chaque conférence force est de constater que notre imagination manque furieusement d’audace. Que de réponses convenues, que de petits rêves étriqués ou téléphonés ! On sent bien que l’avenir est au dépassement de ce que nos esprits sont encore capables de concevoir.

Et c’est là le véritable enjeu : tant que les membres de l’Eglise-institution garderont le même logiciel, il leur sera vain de demander aux paroissiens de faire une mise à jour de leur pratique. Comme une illustration de cette incapacité à dépasser ce qu’on a toujours fait depuis des siècles, la messe de la session était célébrée chaque soir à la royale abbaye de St Maurice et consacrait la frontière entre laïcs sagement parqués dans les bancs et clercs élevés aux places de choix dans les stalles millénaristes du chœur. On peut regretter que les organisateurs n’aient pas eu l’audace de certaines années précédentes où les participants à la session imaginaient et vivaient aussi une eucharistie différente, entre eux, avant de la porter au monde.

L’Eglise du monde de demain est amenée à être cash, comme on le dit volontiers chez ses jeunes membres : franche, audacieuse, innovante, surprenante. Comme le disait George Bernard Shaw jadis: «Il y a les gens qui voient les choses comme elles sont et qui se demandent pourquoi, et puis il y a ceux qui les rêvent telles qu’elles n’ont jamais été et qui se demandent… pourquoi pas.» Puissent les membres de notre Eglise diocésaine appartenir à la seconde catégorie!

Vincent Lafargue