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Témoins du Covid : Michèle Jung

Une présence aux côtés des souffrants

Depuis juillet 2019, Michèle Jung est auxiliaire pastorale (aumônière) protestante à mi-temps pour Hôpital du Valais. Interview.

 

Pouvez-vous vous présenter?
Arrivée en Valais de mon Jura bernois en 2010, j’ai trois enfants, jeunes adultes. J’ai été dessinatrice en bâtiment, mais j’ai l’impression que c’était dans une autre vie. J’ai eu plusieurs travaux dans des institutions, avec des personnes âgées et/ou en situation de handicap. À côté de l’aumônerie de l’hôpital, j’enseigne l’éthique et les cultures religieuses à l’école.

 

Quelle formation doit-on suivre pour devenir aumônière d’hôpital?
Le minimum est d’avoir le diplôme du séminaire de culture théologique à Lausanne. Pour ma part, j’ai ensuite suivi une formation diaconale. Je ne suis pas diacre et aujourd’hui je poursuis mon cursus en me formant à l’écoute et à la communication.

 

En quoi consiste votre travail?
Je vais à la rencontre de personnes hospitalisées. Je suis ouverte à ce qu’elles vivent et qui n’est pas facile. En ce moment, les visites étant restreintes, la solitude peut peser et être mal vécue. Je ne suis pas seule, toute l’équipe essaie d’être un soutien moral et spirituel pour ces personnes dans un temps où elles sont fragilisées par la maladie ou un accident.

 

Comment vivez-vous la crise du Covid?
Comme tout le monde, avec des moments de ras-le-bol. Derrière le masque, j’ai appris à sourire avec les yeux et j’essaie d’offrir de l’espérance aux malades et aux familles. Actuellement, l’habillement est différent dans les zones Covid afin de ne pas transmettre la maladie, mais la relation avec la personne reste la même.

 

Est-ce qu’on s’habitue à côtoyer la souffrance ?
La souffrance fait partie de la vie, mais j’espère ne jamais m’y habituer. Je ne peux pas être indifférente face à la douleur physique, morale ou spirituelle. Ça ne signifie pas que je porte toutes ces souffrances sur moi, mais que je suis touchée, que je la reçois et la transmets à Dieu. Je ne suis pas seule quand je vais à la rencontre des souffrants.

 

Quelles joies et difficultés rencontrez-vous ?
Chaque jour des personnes m’accueillent à leur chevet, partagent des moments de vie, des expériences spirituelles et de foi. Même si leur récit n’est pas joyeux, c’est un privilège de pouvoir les écouter. Parfois, le côté religieux fait peur. Des personnes ne souhaitent pas ma présence, ça n’arrive pas très souvent et c’est leur liberté. Mais il ne faut pas hésiter à demander notre présence, car nous sommes là pour tous.

 

Propos recueillis
par Pierre Boismorand