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Quand le professeur redevient le curé

François-Xavier Amherdt à Vétroz, en janvier, partageant ses «12 inouïs de l’Evangile» pour le parcours ALTIUS

 

François-Xavier Amherdt donnait sa leçon d’adieu à l’université de Fribourg le 10 mai dernier devant une aula magna magnifiquement remplie – il a fallu changer deux fois de salle au fur et à mesure des inscriptions, peu de professeurs peuvent en dire autant! Interview.

 

  • François-Xavier, lors de ta leçon inaugurale il y a seize ans, le public s’était levé pour t’applaudir. Il s’est produit la même standing ovation pour ta leçon d’adieu ces derniers jours. Que ressent-on devant cette reconnaissance marquée ?
  • C’est d’abord l’action de grâce qui me vient aux lèvres. J’avais quelques craintes en vue de ce moment fort et cela s’est déroulé au-delà de ce que j’imaginais. Le décanat était stupéfait d’avoir dû changer deux fois de salle jusqu’à devoir réserver l’Aula Magna. Une impression d’accomplissement domine. Je me suis senti porté par les collègues, les étudiants, des communautés religieuses qui priaient pour moi à ce moment-là. J’ai ressenti aussi une grande communion avec l’assemblée. Je vois ces seize années à la faculté de théologie de l’uni de Fribourg comme une bénédiction.
  • Quelles ont été tes plus grandes joies à Fribourg ?
  • La théologie à Fribourg, c’est l’occasion de vivre une Eglise catholique mondiale en miniature avec des étudiants de tous horizons – 50 nationalités différentes ! C’est aussi l’occasion d’un engendrement mutuel entre eux et moi. Ayant accompagné des doctorants de tous les continents, cela m’a demandé à chaque fois un temps important pour prendre connaissance des réalités contextuelles de chacun et de chaque lieu. Cela enrichit énormément !
  • Ta leçon inaugurale, jadis, parlait de la pastorale autour de la crémation pour les funérailles, ta leçon d’adieu ce 10 mai parlait de temps de crise dans l’Eglise… deux sujets qui peuvent paraître sombres à première vue, non ?
  • Non, car tant le choix de la pastorale des funérailles pour la leçon inaugurale que celui du temps de crise que nous vivons pour ma leçon d’adieu étaient tous deux articulés autour de l’espérance, celle des familles et celle de l’Eglise. La façon dont on traite le corps en se tournant vers la résurrection annonce tout autant la lumière que notre manière de considérer l’époque actuelle que traverse l’Eglise en se souvenant que l’obscurité cède toujours sa place à la lumière le moment venu. C’est la vie dans l’Esprit qui nous permet d’affronter ce que nous traversons. Je ne ferme pas les yeux sur la réalité du monde mais je les ouvre avec mes contemporains sur l’Eglise telle qu’elle est aujourd’hui, pour mieux nous tourner vers l’espérance, la résurrection et la vie éternelle et nous ouvrir à la fécondité de l’Esprit. C’est le « malgré tout » si essentiel dans la pensée de Paul Ricœur. Chacune, chacun, par une conversion individuelle, peut prendre part à l’avenir de l’Eglise de notre temps et a son rôle à y jouer.
  • A propos de jouer, toi qui fus arbitre de football, tu deviens curé de Savièse. Non loin de l’Eglise se trouve le café « le Pénalty ». On t’y verra ?
  • (rires) J’ai, de fait, arbitré pour Savièse jadis, après Sion et avant Sierre. Mais je pense immédiatement à l’un de mes prédécesseurs, l’abbé Grégoire Zufferey mort tragiquement alors qu’il était curé de Savièse : il était lui-même entraîneur de foot et il avait instauré des cafés-débats dans divers établissements de Savièse. J’essaierai de m’inscrire dans le sillage de ceux qui m’ont précédé là-haut, notamment Grégoire, dont le prénom veut dire « le Ressuscité ».
  • Puisqu’on parle de « Là-haut », le moment venu, qu’aimerais-tu que Dieu te dise en t’accueillant ?
  • « Viens, entre dans la joie de ton Maître ! »
  • Avant cela, nous te souhaitons un beau retour dans ce Valais que tu aimes tant. Des projets, déjà, avec la pastorale valaisanne ?
  • L’équipe de l’ABC vit une période de transition, passant d’Association Biblique Catholique à l’important pôle d’Animation Biblique Catholique du CCRFE. Je me sens appelé, avec toute l’équipe, à continuer de déployer l’animation biblique de toute la pastorale. J’ai décidé de m’engager notamment dans la petite équipe d’ALTIUS qui propose de belles formations d’adultes en Valais, j’aimerais instaurer de nouveaux groupes bibliques et de petites fraternités de prière et de partage, et ainsi continuer de faire découvrir la Parole à celles et ceux qui en ont soif, sans encore bien la connaître ou en souhaitant la creuser toujours davantage.

Photo et propos recueillis par Vincent Lafargue