Padre Gabriel: Faire de la prison une maternité

Samedi 21 octobre 2023, Fully, 20h. A la sortie de la messe du soir, aux couleurs de la mission universelle, une délicieuse soupe à la courge attend les paroissiens. Elle est accompagnée, bien évidemment, d’un verre de l’amitié.

Amitié? Celle qui lie toujours, 13 ans après la mort du Padre Gabriel Carron, Valais et Argentine, Fully et Santa Fe. Nombreux sont les Suisses, jeunes de cœur ou d’esprit, qui ont osé le déplacement. Un déplacement, au sens littéral comme au figuré. Oser devenir les amis des détenus, «frères privés de liberté»; oser se risquer dans les «barrios», quartiers pauvres où des enfants maltraités grandissent et viennent nourrir les prisons de la région; oser le vécu quotidien, multiculturel, d’une communauté de jeunes rassemblant étudiants argentins désargentés accueillis chez Padre Gabriel et volontaires suisses venus se découvrir eux-mêmes à l’école des plus pauvres.

Un engendrement à soi-même, comme pour la majorité de ceux qui ont connu Padre Gabriel. Un lieu de croissance humaine et spirituelle. Une maternité, même, à l’image de ce que Gabriel souhaitait pour les détenus : que la prison devienne «non un tombeau, mais une maternité!» Dans cette école de vie, la présence des visiteurs bénévoles est signe de celle du Christ: de son regard qui espère, qui accueille la personne dans tout son être, malgré son passé, malgré ce qui a été commis. Un regard qui envisage, au lieu de dévisager; une oreille qui écoute au lieu de condamner ; un cœur qui s’ouvre et se laisse toucher par l’être abimé qui lui fait face, capable du pire comme du meilleur.

13 ans ont passé. Malgré la mort soudaine de Padre Gabriel en octobre 2010, l’ouvrage qu’il avait commencé a continué à porter du fruit. Et nombreux sont ses héritiers. Ainsi en va-t-il de la pastorale pénitentiaire de Santa Fe, emmenée par le père Bernardo Blanchoud et incarnée par ses nombreux volontaires. L’association Terranza continue quant à elle l’œuvre de Gabriel dans les quartiers auprès des enfants. Après la crise COVID, la communauté de jeunes argentins prend aujourd’hui un nouveau départ et sera bientôt prête à accueillir de jeunes volontaires suisses pour quelques mois de bénévolat. En Valais, la Fondation Casa Juan Diego a elle pour mission d’assurer la pérennité financière des activités de Padre Gabriel en Argentine; elle s’engage également ici pour les prisonniers de notre canton, en prison comme pour favoriser leur réinsertion.

Mais l’héritage de Padre Gabriel n’est pas qu’associatif. Il est aussi individuel, dans les tripes comme dans le cœur de beaucoup. Il guide vers une vie donnée, aux plus petits, aux différents, aux marginalisés. Un peu à l’image d’un autre Argentin, du nom de François! «Viva Argentina»!

Joëlle Carron

 

Fondation «Casa Juan Diego»
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