Noël en naissance, Noël aujourd’hui

23 décembre. Aujourd’hui, c’est dans les mots de mes amis argentins que je Le découvre, naissant au cœur d’une humanité blessée. C’est là, à Santa Fe, que j’écoute battre le cœur de l’Enfant, au pouls d’un monde si fragile.

 

L’Enfant dont on prend soin.

Sandra et son équipe, développant sans relâche de nouveaux projets au service des plus petits dans les quartiers périphériques de Santa Fe. Jardins d’enfants, pour des bébés et tout-petits dont les papas sont souvent en prison ; espaces d’accueil et d’alimentation pour des plus grands, qui tentent de se construire au milieu de quartiers marqués par la violence et la drogue. La joie pourtant, toujours, encore, de jouer, d’être ensemble, de retrouver les adultes qui les accueillent dans les maisons de quartier, où l’on peut être en sécurité quelques heures. La musique, au milieu de tout cela, qui sauve, encore et encore, à travers les nombreux orchestres d’enfants mis sur pied par la ville. Le chant des anges avait certainement moins de fausses notes, mais pas plus de cœur.

 

 

Le Dieu-avec nous, Emmanuel.

David en témoigne, comme ancien policier aujourd’hui détenu, rejeté des autres prisonniers de par son métier antérieur. « C’est à ce moment-là qu’a commencé en mon for intérieur, un changement radical de ma compréhension de Dieu. Je L’ai rencontré en chaque instant de ma vie. Je suis revenu à mes premiers souvenirs. Il avait toujours été à mon côté et j’ai compris que même détenu, dans un lieu hostile, avec des gens qui peuvent te faire du mal, Il ne te laissait pas seul. Réellement, je ne me suis jamais senti seul, même en étant dans une cellule obscure. Jésus était à mon côté, avec Marie. »

 

L’Amour donné, offert, de manière toute simple.

Priscila, une des jeunes Argentines de la colocation estudiantine logeant chez Padre Gabriel, me le raconte. « Revenir dans mon coeur sur ce qui a été vécu au long de cette année me remplit le coeur de joie et de gratitude. Vivre dans cette coloc’ a été une expérience de rencontre avec les autres, avec moi-même et avec ma foi. La possibilité de loger dans cette maison m’a permis de me remettre à rêver, de faire confiance. Les rêves se travaillent et s’accomplissent. Dieu nous offre toujours un nouveau possible. Cela m’a permis de croître dans mes liens avec les autres, de connaître de nouvelles personnes, avec un coeur toujours disposé à aider les autres. Notre coloc’ est un lieu de fraternité, où l’on construit des liens qui nous rendent plus humains et qui nous rappellent que nous ne sommes pas tout seuls sur le chemin. Il y a ici possibilité de grandir ensemble, en partageant les uns avec les autres. En prison, cela a été un grand apprentissage : sortir à la rencontre, accompagner des vies beaucoup plus abîmées, avec empathie et joie. Embrasser la vie comme elle vient. Chaque visite en prison a rendu possible la rencontre de ce Jésus si généreux qui, dans le visage du frère, nous invite à être instruments d’espérance et d’amour dans le monde. Vivre en communauté, c’est vivre avec un coeur reconnaissant pour tant de richesse et de grâce partagée. Cette année m’a permis d’expérimenter la joie de l’Evangile dans de nouveaux visages, de nouvelles histoires partagées, dans chaque petit geste d’amour. Découvrant que, ensemble et chacun, nous sommes reflets de l’amour. » 

23 décembre. Demain, c’est Noël. Le CMS de Sion appelle. Une famille cherche d’urgence un logement. Le papa vient de perdre son travail, ils doivent quitter leur appartement au 31 décembre. Ils ont 4 enfants, dont le dernier a 5 ans. Sainte Famille d’aujourd’hui. Qui leur ouvrira la porte ?

Joëlle Carron

Email: fondationcasajuandiego@gmail.com
Site internet: padregabriel.ch