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La synodalité, un chemin de conversion communautaire et un art du discernement

Dans le cadre de la phase diocésaine du Synode, Soeur Nathalie Becquart a animé un temps de rencontre, le lundi 31 janvier en visioconférence à l’invitation du parcours « Altius » à Sion. Un moment fort de cette démarche consultative inédite.

 

Sous-secrétaire du Synode des évêques, Sr Nathalie Becquart est la première femme admise à voter à l’assemblée synodale qui se réunira à Rome en automne 2023. Pleinement engagée dans ce processus au niveau mondial, elle nous partage les impulsions majeures de cette démarche pour encourager celles et ceux qui le désirent, ici aussi, à vivre dans l’esprit de cette conversion communautaire et spirituelle.

 

Vous aurez pu lire un compte rendu de la conférence dans le Nouvelliste* et dans l’Écho-Magazine**. Ici, nous désirons simplement mettre en exergue trois questions tirées du riche échange qui a suivi la conférence.

 

La prière propose des mots et un langage dans lequel je ne me retrouve pas. « Nous qui sommes faibles et pécheurs, ne permets pas que nous provoquions le désordre. Fais en sorte, que l’ignorance ne nous entraîne pas sur une fausse route, ni que la partialité influence nos actes. » Pourquoi proposez une telle prière aujourd’hui ?

Cette prière est très ancienne et s’inscrit dans la tradition des conciles. Elle est attribuée à Saint Isidore de Séville (560). Chaque session du Concile Vatican II a commencé avec cette prière qui demande l’Esprit Saint. De fait, le langage n’est peut-être plus celui d’aujourd’hui mais recevons-la dans la tradition de l’Église et à la suite des milliers de chrétiens qui l’ont priée avant nous pour discerner les choix et le chemin de l’Église réunie en assemblée, en concile. Nous pouvons lire ces lignes, comme une demande à l’Esprit Saint d’avoir un cœur libre : que l’Esprit Saint nous aide à ne pas venir avec notre avis préconçu mais qu’Il nous donne d’écouter, d’accueillir et de recevoir ce qu’Il désire nous dire, montrer aujourd’hui à travers l’écoute de l’autre qui partage avec moi. C’est ce grand travail intérieur de l’Esprit Saint qui m’invite à entendre et à discerner, à travers et au-delà de mon jugement personnel. C’est ce que le processus synodal de conversion nous appelle à vivre.

 

Est-ce que ce synode avec la consultation synodale, ce n’est pas une grande machine à produire des documents et à faire du « bla-bla » ?

Oui, ce sera une machine à faire du bla-bla, si ce soir, en rentrant, chacune et chacun de vous ne décidez pas de réunir 6,7 personnes autour de vous pour vivre ce processus synodal, pour écouter et parler avec d’autres pour discerner où sont les signes des temps. Ce ne sont pas nécessairement les réponses que vous renverrez à votre diocèse qui est le plus important ; ce qui est proposé et qui a de l’intérêt, c’est d’avoir expérimenté le processus synodal comme un processus spirituel et de conversion, ainsi que de vous être mis en route.

 

Comment allez-vous faire pour mettre ensemble les réponses de tous les continents, du Japon à la Californie en passant par le Zimbabwe ?

Comme vous ! Nous allons vivre un processus synodal c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas pour nous de rendre un travail statistique et académique. Nous sommes en train d’affiner la méthode de synthèse. Ce qui est certain, c’est que nous serons plusieurs à lire une même réponse pour avoir des regards différents. Ensuite, nous mettrons en valeur dans les différentes réponses, ce qui est commun et aussi des propositions qui pourraient apparaître comme minoritaires mais faisant signe. Et ensuite, troisième étape, nous prendrons un temps en équipe – nous réfléchissons encore qui seront les membres du peuple de Dieu qui seront présents lors de ce temps spirituel – pour écouter et discerner où sont les signes des temps, où est-ce que l’Esprit Saint nous indique des chemins à travailler ou à ouvrir. De ce travail spirituel et de l’ensemble de ces étapes, nous écrirons alors l’instrumentum laboris, le document de travail qui servira à préparer le synode des évêques de 2023.

 

La parole forte que Sr Nathalie aura répétée à plusieurs reprises durant cette conférence est «Le synode est un processus spirituel et si chacune et chacun (qu’elle que soit sa vocation, son âge, son « rôle » dans la société…) ne rentre pas dans ce processus de conversion, ce synode ne servira à rien. »

 

 

Claire Jonard

 

 

*https://www.cath-vs.ch/wp-content/uploads/2022/02/NF-239.pdf

**https://echomagazine.ch/item/835-dialogue-avec-sr-nathalie-becquart?fbclid=IwAR0YG43EbQT2ra3FvDV08pY8TvLrSilgx-gBxYLDR_FL7pKgh6ue1MNcJPA