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Foi et travail ou… prendre soin de l’autre

FETE DU TRAVAIL – A l’occasion du 1er mai, il est bienvenu de s’arrêter sur une pastorale peu répandue en Suisse romande: celle dite du travail. Rencontre avec un chrétien engagé qui nous livre sa réflexion sur le rôle que la foi peut jouer dans l’environnement professionnel.

Ingénieur, Pierre Lorin fait partie d’un noyau d’hommes – au sein d’un petit groupe entièrement masculin en l’état – qui se rencontrent régulièrement pour réfléchir comment ils peuvent apporter leur contribution de chrétien dans le monde du travail. Le Saviésan est convaincu qu’il y a matière à agir dans les entreprises, car le peuple des travailleurs a aussi besoin que le Berger le guide !  Occupant un poste important pour un grand groupe international, Pierre Lorin travaille quasi exclusivement à distance, depuis son domicile. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir des contacts multiples avec des collègues et de veiller à entretenir des relations empathiques, fondées sur ce qui est appelée la « doctrine sociale de l’Eglise ».  Reste à faire la liaison entre foi et entreprises. Une liaison en rien dangereuse, bien au contraire ! Mais comment agir en tant que chrétien ?

 

Un regard optimiste

Notre interlocuteur – qui a édité un intéressant travail de diplôme sur ce sujet dans le cadre de son parcours Théodule – fait d’abord le constat que le monde du travail se déshumanise, avec une pression croissante et des contacts de plus en plus pauvres entre collègues, ne favorisant pas la possibilité de faire pousser quelques graines de spiritualité dans les jardins des entreprises…

Même si, COVID oblige, la réalité du moment a un peu atténué cette dureté. « Avec toutes les contraintes liées à la pandémie, certaines constantes du monde du travail ont changé. Notamment que ce qui était urgent ne l’est plus forcément !» constate cet observateur. « Et puis, se réjouit Pierre Lorin, on peut constater que ces contraintes ont favorisé une plus grande créativité et que, en travaillant davantage ensemble, dans le même but, il en découle une amélioration des conditions de travail et des capacités de développement, qui maintiennent un succès économique ». L’espoir est donc permis et propice à introduire un zeste de spiritualité dans cet univers réputé froid. « Je suis résolument optimiste en la beauté du cœur de l’homme, note Pierre Lorin, et je pense que nous nous dirigeons vers des formes de travail qui conduiront à créer davantage de liens, de relations dans le monde professionnel, en y ajoutant un regard de foi ».

 

Trouver la bonne voie

Comment ? « Il faudrait pouvoir agir au cœur des entreprises, en créant par exemple des postes d’« aumônier d’entreprise », une personne qui serait à l’écoute de ses collègues » prône le Saviésan, comme ont pu l’être les prêtres ouvriers, hier plus nombreux. Mais une telle voie n’est pas simple à emprunter. Aussi faudra-t-il peut-être trouver d’autres chemins. L’important, estime Pierre Lorin, est qu’une personne ressource soit disponible pour être l’oreille qui  écoute et accompagne un collaborateur en souffrance, pour quelque raison que ce soit car, comme chrétien, habité par l’Esprit-Saint, nous avons le devoir de prendre soin de l’autre ».

Claude Jenny