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Au coeur de la fragilité : «Je ne peux pas juste rester dans ma petite vie.»

Valérie Gianadda, en 1ère année de formation Théodule, est engagée en pastorale spécialisée. Rencontre avec cette jeune maman, qui vit son ministère auprès de personnes en situation de handicap comme un privilège.

«La source première de mon engagement est de me découvrir pleinement aimée : il faut que ça passe plus loin et que ça rejaillisse sur les autres ! Ça déborde. Je ne peux pas juste rester dans ma petite vie.

Je suis très reconnaissante de ce que je vis. Ce chemin ‘donne plus’ ; il unifie ce que j’ai personnellement envie de pouvoir apporter et les besoins des autres. ‘Il est bon que je sois là’. Et la confirmation de cela, c’est la joie ! A chaque fois, c’est une fête d’y aller et je ne vois pas le temps passer. J’ai l’impression d’être au cœur du Royaume à construire.

Mon engagement à la FOVAHM, comme dans toute la pastorale spécialisée, me fait plonger dans une logique inverse à celle de la performance, complètement à contre-courant. Ces lieux m’apportent une authenticité, une simplicité. De pouvoir découvrir cela dans mon chemin de foi est un privilège, une étape dont j’avais certainement besoin pour avancer. Je fais l’expérience d’une Parole incarnée par tout ce qui se vit.

Dans nos rencontres, je vis la joie d’être ensemble, l’accueil. Nous parlons de foi, des relations des uns et des autres, des aléas de la vie, des deuils qui n’ont pas pu être faits. Des gestes d’amour émergent. Ils sont des champions de l’amour ! Quant à nous, nous sommes simplement là pour faire émerger ce qui est déjà présent. Les personnes que nous accompagnons me surprennent par la compréhension dont elles témoignent, exprimée avec plus de profondeur que ce que j’aurais pu faire. Dans ce milieu hyper simple, hyper authentique, hyper fraternel, tout se vit pleinement, au cœur de la fragilité.

J’ai la chance d’avoir des collègues inspirants, qui m’apprennent à rester disponible à ce qui s’offre. L’équipe me construit. Nous préparons ensemble une animation, qui résonnera différemment dans chaque contexte. Cette richesse, cette créativité m’enrichit. Tout ce que j’ai appris comme outils en tant que logopédiste m’aide bien sûr. Je travaille depuis 20 ans dans le langage et la communication… mais parfois je dois apprendre à me taire, à donner accès à ce qui veut être dit à travers les sens, le corps, l’expérimentation, à développer des antennes pour déceler la manière de l’autre de s’exprimer, à aller plus en profondeur.

La parole qui m’inspire ? Frère Christophe, de Tibhirine, lorsqu’il dit: «Je suis aimé. Cette certitude s’impose peu à peu, doucement, avec force, en moi et m’oblige au Don. Afin que le monde sache qu’il est aimé d’Amour.»

Propos recueillis par Joëlle Carron