Actualités

Accueil de familles ukrainiennes : le bel exemple d’une famille vétrozaine

Accueil. Solidarité. Hospitalité. Quelques mots qui devraient résonner naturellement dans le cœur de tout chrétien. Dans la famille Voeffray, à Vétroz, c’est à coup sûr le cas ! Rien d’étonnant dès lors qu’elle ait accueilli deux familles ukrainiennes. Rencontre.

 

« Je suivais quotidiennement l’actualité à la TV et je me suis dit que nous devrions faire quelque chose ! Que si ça nous arrivait à nous, nous aimerions aussi que quelqu’un nous accueille. Je voulais partir en Pologne avec un bus et ramener plusieurs familles ici en Valais ! » raconte Anne-Chantal. Son mari a mis son veto et a préféré donner suite à leur désir d’accueillir en passant par le service valaisan ad hoc…  Et deux familles ukrainiennes débarquèrent très vite chez eux. « C’était le jour de la Saint-Joseph. C’était férié. Et ils sont arrivés avec rien…, si ce n’est un peu de nourriture et quelques affaires d’hygiène donnés au bureau du premier accueil à Sion… » se souvient madame. C’était il y a deux mois.

 

Un engagement qui est lourd

Avec le recul, les Voeffray n’ont aucun regret. Bien au contraire. Ils considèrent la démarche enrichissante, sans pour autant en cacher les difficultés. « C’est un engagement qui est lourd, qui demande beaucoup de disponibilités » relate Jacques qui dit que son épouse consacre « des paquets d’heures pour la bonne cause ». Il est vrai que la mobilisation de madame va largement au-delà du strict besoin puisqu’elle est l’une des bénévoles de l’Association Valais-Ukraine et qu’elle gère un dépôt-magasin dans la localité où les familles accueillies de la région peuvent venir s’approvisionner en habits, jeux pour les enfants, etc… Un engagement à coup sûr grignoteur de temps…mais riche dans la mesure où il permet aussi de constater qu’un grand écart culturel existe entre les deux sociétés. « Chez eux, ils ont tellement l’habitude que l’Etat fournisse beaucoup de choses pour les familles que nos valeurs sont parfois différentes. Nous avons dû fixer des règles au « magasin » pour que soit respecté une certaine équité » raconte Anne-Chantal. « Parfois, c’est chaud ! »  ajoute Margaux, l’une des cinq enfants de la famille Voeffray et qui va régulièrement aider sa maman.

Car chez les Voeffray, cette « opération accueil » est une « affaire familiale ». Les parents et les cinq enfants sont concernés. « Nous nous sommes engagés aussi pour montrer un exemple à nos enfants » lancent les deux parents, déjà engagés dans d’autres démarches généreuses, y compris en Eglise. « Quand on l’habitude d’aider… » commente Margaux en se montrant légitimement fière de l’attitude de ses parents. Et le reste de la smala est à l’unisson.

L’avantage dans le cas de cette famille, c’est qu’elle peut continuer à vivre dans sa villa des hauts de Vétroz et accueillir les deux familles dans des appartements normalement dévolus à la location de vacances. Chacun garde donc son autonomie. « J’avoue que si nous avions dû vivre tous ensemble, c’eût été plus compliqué » dit Jacques. Il y a presque quotidiennement des contacts entre les trois familles, mais chacune garde son intimité. « Nous nous montrons le moins intrusifs possibles, et maintenant les deux familles commencent à être autonomes pour leurs déplacements à Sion, notamment pour les cours de français, et les enfants pour aller à l’école » constate Anne-Chantal, visiblement heureuse de pouvoir se mettre ainsi au service de son prochain. Au point que l’assistant social de référence lui a proposé de prendre une troisième famille sous son aile et qui loge un peu plus loin dans le village.

 

Des imprévus qui font peur

Et la langue direz-vous ? « C’est indéniablement un obstacle mais que nous contournons grâce aux outils électroniques de traduction ou au dictionnaire. Reste qu’il faut gérer les imprévus qui peuvent prendre des formes banales pour nous mais angoissantes pour ces personnes qui ont vécu dans un climat de guerre. « L’autre jour, panique car il y a eu une violente déflagration due probablement au fait qu’un avion militaire a franchi le mur du son. Ou le lendemain, lorsqu’un hélicoptère est venu sulfater dans les vignes à proximité ».

La ligne Vétroz-Odessa fonctionne !

L’avenir ? Il est fait de multiples inconnues. Les services compétents leur parlent d’une présence chez nous pour 5 ans, Le temps que la paix survienne, que les villes soient reconstruites. Les maris restés au pays sont pour l’instant épargnés et peuvent entretenir des contacts téléphoniques réguliers avec leurs épouses et leurs enfants. La ligne entre le Valais central et la région d’Odessa fonctionne bien ! Reste toujours l’angoisse d’une mauvaise nouvelle qui pourrait arriver. « Les jeunes ont clairement envie de retourner chez eux et continuent d’ailleurs de se former à distance » relève Jacques. Et l’une des mères ukrainiennes accueillies par les Voeffray, qui pratiquait la danse, continue de donner le soir des cours à distance depuis Vétroz !  Ou quand la vie transnationale s’organise….

 

Claude Jenny

 

Note : Nous aurions évidemment aimé apporter également le témoignage des deux familles accueillies par les Voeffray. Elles n’ont toutefois pas souhaité rencontrer le journaliste de service. Ayant fait une fois l’exercice, c’est douloureux pour elle de revenir sur le sujet et elles ne souhaitaient pas le renouveler. Nous n’avons pu que respecter leur choix.