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A la vie, à la mort ! Focus sur une situation d’actualité.

Le mois de novembre s’ouvre par la fête des vivants, la Toussaint qui est bien une hymne à la vie. Fra Angelico en illustre le rythme dans des scènes paradisiaques festives, toute d’harmonie et de beauté. C’est vrai qu’il suggère la vie éternelle, montrant qu’elle ne se situe pas au-delà de la vie terrestre, mais s’enracine en elle. Toujours la vie est première et dépasse ce qu’on en perçoit.

Le lendemain du premier novembre est le jour des morts. La vie et la mort se fréquentent, s’interpellent, s’articulent, s’attirent et se rejettent tout ensemble, se succèdent. On ne peut penser l’une sans recourir à l’autre.

Sur ce champ immense, vie-mort, la focale est portée avec insistance dans nos sociétés, sur la fin de vie. Nos voisins français qui sont en pleine réflexion sur le sujet, ont même envoyé une délégation parlementaire, en Suisse pour s’informer de la manière dont chez nous, l’accompagnement de fin de vie est géré dans le cas du suicide assisté.

Resserrons encore la focale pour parler de ce qui nous attend. Dans le contexte de ce novembre 2022, nous serons appelés à dire oui ou non à la loi sur la fin de vie votée par le Grand Conseil. Personne n’aurait l’idée de se positionner contre le droit de ne pas souffrir et celui de mourir dans la dignité. Mais détrompons-nous, ce n’est pas que de cela dont il s’agit ici. A une loi sur les soins palliatifs on y a joint un volet sur le suicide assisté. Le texte comporte cette faiblesse structurelle de l’amalgame entre des contraires. Oui, c’est un acte de soin que de mettre en œuvre tout le possible pour apaiser les souffrances d’une personne et l’accompagner par soins palliatifs jusqu‘aux portes de la mort, mais peut-on en même temps proposer d’éliminer le patient en lui procurant la mort ?

Les soins palliatifs ont permis à beaucoup de renoncer à leur demande de précipiter l’heure de la mort parce qu’ils se sont sentis ajustés à ce qui ne meurt pas : l’attention, la présence, l’amour ; et cela ne s’administre pas mais se vit.

L’enjeu de la prochaine votation est celui de la liberté. Une liberté qu’on enlève à des institutions sociales, aux EMS, les obligeant à accueillir chez eux les organismes d’aide au suicide.  Je salue l’heureuse initiative du comité référendaire constitué pour défendre la liberté de chaque personne, donc aussi la liberté de tous les résidents indirectement touchés dans les institutions qu’on veut contraindre à accepter le suicide assisté dans leurs murs.

+Jean-Marie Lovey

Évêque de Sion