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Témoins du Covid – abbé Joël Pralong

Pour l’abbé Joël Pralong, la pandémie
doit ouvrir l’homme à plus de fraternité

 

Comme une dizaine d’autres résidents du Séminaire interdiocésain à Fribourg, l’abbé Joël Pralong a été touché par le virus. La pandémie ne pouvait qu’inspirer cet esprit curieux de nature et ouvert à des réflexions qui sortent des sentiers communs. Le résultat ? Un livre !

 

Le directeur du séminaire diocésain – fonction qu’il quittera en août prochain pour se consacrer à un nouveau ministère tourné vers l’évangélisation -, l’abbé Joël a plutôt bien vécu son temps de quarantaine dans sa chambre du séminaire de Givisiez. « C’était un peu compliqué d’organiser la marche de la maison depuis nos chambres, ce d’autant que l’autre responsable, l’abbé Nicolas Glasson, était dans la même situation que moi » raconte-t-il. Mais il s’empresse de positiver en relevant que cette période a fait se développer tout naturellement « un bel esprit de service, dans le calme ». « J’ai trouvé touchant cet élan de générosité auquel tout le monde a participé » relève-t-il.

Et alors qu’il méditait en quoi un événement comme cette pandémie peut ouvrir la porte à une réflexion personnelle et spirituelle, un éditeur est venu lui suggérer de coucher le fruit de sa réflexion sur le papier. Pas besoin de le prier ! « Je suis un intuitif, pas un intellectuel » aime-t-il à dire. Le livre fut vite écrit. Mais, comme toujours avec l’abbé Joël, riche de pensées qui vont droit au but ! Déranger, interpeller, susciter le débat et  – toujours – ouvrir les cœurs ! (*)

Au moment où nous écrivons cet article, nous n’avons pas encore lu son livre. Mais il nous a livré oralement quelques éléments de sa réflexion. Secouant !

 

Perdu dans un paradis artificiel

Il constate d’abord que cette pandémie a engendré un sentiment de peur de la mort. Et, tout naturellement, de s’interroger : pourquoi cette peur ?  Il est vrai qu’en Occident, la mort a été par trop occultée. Et que le COVID vient nous rappeler que nous ne sommes pas éternels et que nous avons par trop tendance à croire que nous vivons dans ce qu’il qualifie de « paradis artificiel » et son corollaire : un vide existentiel.

L’abbé Joël fait le constat alarmant que la préoccupation dominante des gens est la volonté de « revivre » comme avant » ! Ouvrir les bistrots, aller au concert, etc… « Nous voulons vite recréer ce paradis artificiel dans lequel nous vivions avant la pandémie, en vrais hédonistes avides de satisfaire des besoins éphémères, centrés sur les plaisirs et la surconsommation » relève le prêtre.

 

Suivre le chemin de la fraternité

Avec sa fougue, il interpelle frontalement : « Mais ouvrons les yeux ! Le cœur de l’homme est fait pour la bonté, dans le partage fraternel en Dieu. Et qu’avons-vous découvert de positif durant cette pandémie ? Un formidable élan de solidarité qui s’est manifesté de multiples manières » constate-t-il. « La preuve, dit-il, que la fraternité existe en nous et qu’elle doit être le chemin qui doit nous conduire à l’essentiel, car elle est révélatrice de ce qui se cache au cœur au fonds du cœur de l’homme ».

Et d’inviter chaque chrétien à « être actif en charité » ! Avec la pandémie, ce prêtre attend que notre Eglise adapte son fonctionnement pour répondre à cette attente d’un monde plus fraternel.

 

« Je rêve d’une Eglise brûlante !»

« J’en suis de plus en plus convaincu : l’Eglise doit se renouveler ! Elle est par trop formaliste, pas suffisamment consolante. Je la voudrais plus authentique, plus proche des gens. Qu’elle soit habitée de cette envie de vouloir à nouveau évangéliser ! » clame l’abbé Joël qui est convaincu que beaucoup de personnes sont en quête de spiritualité et qu’il appartient à l’Eglise de répondre à cette attente. Je rêve d’une Eglise brûlante !» dit celui qui n’hésite pas à recourir aux adjectifs qui cognent.

« Nous sommes entrés dans un temps d’évangélisation.  Un temps propice au   dialogue,  en commençant par apporter un message de consolation » dit l’abbé Joël. D’autres volets de sa réflexion sont à découvrir dans son nouveau livre.

 

Claude Jenny

 

(*) Joël Pralong –  « Pourquoi avons-nous si peur de la mort ? Faire face et trouver la paix intérieure » – Editions Artège – 2021