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TÉMOIN COVID : « Comment agir dans un tel contexte ? » s’interroge le directeur de Saint-Sylve

 

En ce temps de pandémie, de nombreuses personnes engagées en Eglise se trouvent aussi mobilisées sur le front du COVID. Dans cette rubrique, nous  irons à la rencontre d’un certain nombre d’entre elles, témoins de drames humains complexes à gérer. Premier de ces témoins : Philippe Genoud, diacre, membre du Conseil épiscopal du diocèse, mais aussi – professionnellement – directeur du Home St-Sylve à Vex.

Comme tous les directeurs d’EMS, comme toutes les équipes en charge de veiller sur plusieurs dizaines de résidents, la tâche qui leur incombe depuis le début de la pandémie est certainement parmi les plus difficiles à assumer, tant sur le plan médical que psychologique. Philippe Genoud rend hommage à ces équipes : « A St-Sylve, c’est grâce à elles que nous avons réussi à contenir la première vague. Si le home était fermé pour l’extérieur, à l’intérieur, nous avons pu garder une belle vie sociale ».

Aggravation avec la deuxième vague : « les équipes doivent encore plus difficilement faire face car plusieurs résidents sont touchés. Nous avons dû affronter un confinement encore plus strict, avec des collaborateurs eux-mêmes atteints et des familles de moins en moins d’accord que leurs aînés soient isolés de leurs proches, et ne puissent mener une vie normale dans ce qui est leur maison de vie » constate le directeur.

« Tant que la deuxième vague n’est pas sous contrôle, nous n’avons pas le choix. Nous devons obéir, respecter les consignes imposées par le canton. Donc isoler. Fermer. Mais cette situation, plus dure encore que lors de la première vague, nous interpelle et nous pose une interrogation éthique : avons-nous le droit d’agir ainsi ? A supposer qu’une troisième vague surgisse, pourrions-nous continuer à isoler, confiner ? » se demande Philippe Genoud.

Il n’a pas la réponse mais se dit qu’il faudra bien trouver une solution humainement supportable. Pour l’heure, le home St-Sylve n’est pas dans une situation de surmortalité (le même nombre de décès à mi-novembre que pour l’année 2019). Le directeur a donc choisi d’interroger les familles des résidents, de leur demander si leur préférence va à un confinement strict plus ou moins protecteur, ou s’il faut oser prendre un risque en ouvrant à nouveau la maison. Les familles ont dans leur majorité disent « oui » à une option risquée, mais permettant un accompagnement de leurs proches.

« Tous les jours, nous nous retrouvons les cadres du home pour évaluer la situation et tenter de… faire au mieux, tout en se posant des questions qui sont lourdes à porter. Et je consacre beaucoup de temps à dialoguer avec les familles, pour expliquer et partager leurs réactions faites d’encouragements, mais qui peuvent aussi par moments se transformer en un mécontentement que je peux aisément comprendre » souligne Philippe Genoud.

 

propos recueillis par Claude Jenny