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Confirmation – « N’ayez pas peur ! »

Rencontre avec Véronique Denis, responsable du parcours de confirmation sur le secteur des Deux-Rives pour les paroisses de Leytron, Saillon et Fully.

 

Comme beaucoup d’autres, votre secteur a été confronté de manière soudaine aux directives sanitaires du 21 octobre dernier, empêchant les célébrations de la Confirmation qui étaient prévues. Comment a germé l’idée de vivre la Confirmation autrement ?

 

L’idée a germé lors du repas du jeudi pris en commun avec les prêtres, de manière tout d’abord assez humoristique, puis la discussion autour du rituel a ensuite été lancée de manière plus sérieuse. Mission m’a été donnée de prendre contact avec Mgr Lovey et Pierre-Yves Maillard, notre vicaire général, pour leur soumettre les trois propositions. D’entente avec eux, la solution que nous privilégions a été retenue.

 

Comment s’est déroulée concrètement la Confirmation ? Quels moments ont été pour toi marquants ?

 

A tour de rôle, chaque 15 minutes environ, chaque enfant ou confirmand adulte a été d’abord accueilli sur le parvis avec ses sept invités et ses parrains-marraines. Répondant à l’appel qui lui était adressé par le célébrant « Veux-tu être confirmé(e) ? », il entrait ensuite dans l’église accompagné de ses proches. Après sa profession de foi, reprise par la famille qui représentait la communauté, la montée vers le chœur s’achevait par l’imposition des mains et l’onction avec le Saint Chrême. En action de grâce, une bougie était ensuite allumée devant Marie. Cette manière de faire a permis un vécu très différent, notamment un dialogue très personnel entre le célébrant et l’enfant (ou le confirmand adulte) ainsi qu’un bel échange avec les familles.

 

A Saillon, Leytron, Riddes, Saxon et Isérables, les confirmations ont eu lieu dans l’église ; à Fully, nous les avons célébrées à l’église mais aussi dans les chapelles de Mazembroz et de Branson. Plusieurs des enfants y avaient d’ailleurs été baptisés. Le lien avec le baptême, élément important de la confirmation, était ainsi encore plus évident.

 

Pour moi qui restais à l’extérieur, l’accueil des familles sur le parvis et le dialogue avec elles, avant comme après, ont été des moments forts. Nous avons reçu beaucoup de remerciements de leur part. Elles ont exprimé leur soulagement d’avoir maintenu la confirmation. Par la suite, beaucoup nous ont partagé la joie d’avoir vécu ce moment ainsi ; les retours ont été très positifs.

 

Je retiens aussi la joie d’une grand-maman venue vivre la confirmation de ses deux petits-enfants le matin à Mazembroz, lorsqu’ils ont souhaité l’accompagner après la célébration pour recevoir l’eucharistie à l’église paroissiale. Un bonheur qui s’est prolongé l’après-midi avec la confirmation d’une autre de ses petites-filles à Branson !

 

En cette période où il faut poser des choix souvent très rapidement, quels sont pour toi les signes d’un bon discernement ?

 

Tout d’abord, je retiens l’importance d’un choix concerté, d’un dialogue entre ceux qui doivent poser une décision, comme cela a été ici le cas entre les responsables du secteur et du diocèse. On est plus intelligent à plusieurs.

Il s’agit également de revenir à l’essentiel. Il était important pour nous de permettre aux enfants et aux  confirmands adultes d’accueillir l’Esprit Saint ; ils étaient prêts, l’ensemble du parcours et de la retraite s’était bien vécu. Ils étaient impatients de vivre ce moment.

 

Nous nous sommes également efforcés de bien communiquer la décision aux familles concernées, d’expliquer la situation particulière qui appelait des adaptations et les raisons de notre choix. Nous avons mis en lumière ce qui nous paraissait essentiel, le don de l’Esprit-Saint. La solution retenue nous paraissait amener également de beaux fruits : plus d’intériorité, de recueillement et plus de personnalisation.

Nous avons laissé les familles libres : vivre la célébration sous cette forme différente, aux dates prévues initialement, ou choisir de la vivre l’an prochain dans la prochaine célébration communautaire de la confirmation avec les enfants qui vivent leur parcours de préparation cette année. Cinq familles et une confirmande adulte ont d’ailleurs choisi d’attendre l’année prochaine. Cela permettra aux parrains-marraines devant venir de l’étranger d’être présents.

 

Nous avons également choisi de nous inscrire dans la Tradition, dans la ligne du rituel et des grandes étapes qu’il prévoit, de ne pas changer pour changer mais d’aller au cœur, à l’essentiel, sans être « farfelu ».

 

Qu’avez-vous appris à cette occasion ?

 

« N’ayez pas peur ! »

 

Nous avons appris à oser aller de l’avant et à ne pas avoir peur d’innover, tout en restant dans les normes, à garder confiance et à maintenir le dialogue. J’avoue avoir eu beaucoup de craintes avant d’envoyer le message aux parents, mais ces craintes ont été vite dissipées, face à la bienveillance des familles et personnes concernées.

 

Pour cette célébration, nous avons choisi d’aller à l’essentiel, au cœur, tout en nous laissant guider par les quatre étapes du rituel (appel, profession de foi, imposition des mains, onction avec le Saint Chrême, action de grâce). Toute notre mission est de permettre une rencontre personnelle avec le Christ. Plus d’intériorité et de silence y ont d’ailleurs contribué.

 

Nous avons le projet au printemps de vivre tous ensemble une messe d’action de grâce, pour le lien avec l’ensemble de la communauté, pour chanter les chants appris, pour un rite commun.

 

 

Forte de cette expérience, quel message souhaiterais-tu transmettre aujourd’hui aux chrétiens de ce diocèse ? aux équipes pastorales ?

 

Le virus nous désarçonne et nous empêche de vivre « pépère ». Osons, et gardons le cap sur l’avenir ! Regardons le bon côté des choses, même si nous devons sortir de notre zone de confort et vivre des renoncements douloureux parfois. Le chrétien est toujours en route, en pèlerinage.

 

Pour moi, ce que nous vivons aujourd’hui constitue une opportunité pour changer et revenir à l’essentiel.

 

 

propos recueillis par Joëlle Carron

photo : confirmation à Fully d’Heloise, par Fabienne Pellissier